Né à Sainte-Adresse, en Normandie, en 1954, Dominique Preschez s’initie à la musique avec Max Pinchard au Havre, et à l’orgue avec l’abbé Roger Chaudeur, à Lisieux, avant de terminer ses études à la Schola Cantorum de Paris, dont il est lauréat.
Les enseignements de Jean Langlais pour l’interprétation et l’improvisation à l’orgue, de Germaine Tailleferre en harmonie et piano, d’Yvonne Desportes en contrepoint et fugue, et de Michel Guiomar en musicologie, l’ont conduit à travailler l’orchestration et la composition avec Henri Sauguet. Son ami Jean-Louis Florentz le conforte dans son chemin vers la composition. Il étudie les esthétiques de ses contemporains compositeurs au travers d’œuvres de Jean Guillou, André Boucourechliev, André Jolivet. Ses préférences vont de Béla Bartók, Charles Ives, Edgar Varèse, à Henri Dutilleux en passant par Pierre Boulez et Didier Lockwood.
À 38 ans, il s’adonne à la composition musicale. Il donne des concerts d’orgue dans toute la France et à l’étranger en tant qu’interprète et improvisateur. Compositeur de plus de cent opus, son catalogue compte des œuvres sacrées, de la musique de chambre, des symphonies, concertos, musiques de scène (La Voix humaine de Jean Cocteau, les Sonnets de Shakespeare), trois musiques de films (Le Gâteau, le Grand Cerf et Un Siècle à Deauville). Plusieurs compositions ont été créées par les solistes et amis : les sopranis Caroline Casadesus et Isabelle Panel, les pianistes Annette Chapellière, Noël Lee, Raphaël Drouin, Yannaël Quenel, le violoniste Jason Meyer, le trompettiste Thierry Caens, la harpiste Bertile Fournier, le comédien Jean Piat et Andrée Chedid, le Quintette Monsolo, le Quatuor Via Nova, les Petits Chanteurs de Fourvière entre autres… Il a également écrit des transcriptions intégrales d’œuvres jamais jouées sur orgue comme la 5e Symphonie de Beethoven, le Boléro de Ravel, la Symphonie no 8 dite Inachevée de Franz Schubert.
Il a enseigné la composition et l’improvisation au Conservatoire International de Musique de Paris, de 2010 à 2020. Il est titulaire de l’orgue de Deauville.
Outre une discographie importante, au printemps 2009 est paru un double DVD de son récital au grand orgue de saint Eustache, intitulé Beklemnt.
Dominique Preschez est aussi l’auteur d’une œuvre littéraire. Titulaire d’une maîtrise de Lettres classiques à l’Université Paris VIII-Vincennes, cette oeuvre va du poème au roman, de l’essai au théâtre, publiée, entre autres, par Seghers, Fata Morgana, Complexe. Son dernier livre Le Trille du diable est paru aux éditions Tinbad en 2018. Cet artiste pluridisciplinaire, atypique, aime partager des esthétiques contradictoires et défendre les vertus du métissage culturel. Il a obtenu le prix Pierre-Jean Jouve en 1984 pour l’ensemble de son œuvre. Il est Chevalier de l’ordre des Arts et Lettres.
Richard Millet a écrit : « Dominique Preschez a d’abord été écrivain. Héritée de Ives, Bartok, Hindemith, Milhaud, sa musique est habitée par la littérature, non seulement parce qu’elle donne voix à des textes littéraires, mais parce que la littérature n’a pour lui rien d’un prétexte.
C’est, bien au contraire, une manière de conjuguer deux visions du monde pour les porter à ce point où la signification est transfigurée, débouchant sur la pure célébration, que ce soit dans la pièce pour piano, Le Naufrage du Deutschland, d’après Hopkins, interprétée par le compositeur ; dans Lunapark pour orchestre à cordes (le Nouvel Orchestre de chambre de Rouen), hommage au Pasolini des ragazzi, petits voyous qui peuplent ses films et ses écrits ; dans Passion à visage d’homme, monologue pour voix et orchestre, chanté par la soprano Caroline Casadesus sur des textes d’Harold David qui réinventent la passion christique en un homme contemporain cloué sur un lit d’hôpital. Dans Santa Maria, l’orchestre à cordes suggère avec lyrisme une scène maritime aperçue par le compositeur à Honfleur : musique plus évocatrice que descriptive, et tout à fait heureuse. Avec Passion à visage d’homme, l’œuvre la plus ambitieuse est Quatuor nomade magnifiquement interprétée par le quatuor Via Nova : quatre mouvements qui, pour ce genre si redouté des compositeurs depuis Beethoven, s’inscrivent dans une tradition avec laquelle elle joue, rendant hommage à certains prédécesseurs (notamment Kurtag, Ligeti), et déployant tout un monde intérieur, tour à tour heurté, méditatif, lumineux. »